Ambassadeur: Philippe Dieudonné
nominateu: Rose Jean Baptiste
Le don d’une « bonne action »
Un groupe d’environ 50 personnes âgées immigrantes à Ottawa s’est mis d’accord sur le fait qu’un homme avait fait une différence dans leurs vies. Son nom est Philippe Dieudonné et il a un grand sourire qui éclaire la pièce.
Les personnes âgées immigrantes sont souvent isolées et seules, et être un nouvel arrivant peut représenter encore un plus grand défi. « Philippe nous aide à mieux connaître le pays, à visiter différents quartiers et à participer plus activement dans la communauté » explique une des personnes âgées entre 65 et 94, Rose Jean Baptiste. « Il a aussi jeté un éclairage cru sur les visages inconnus qui ont subi l’abus comme personnes âgées, nous aidant à reconnaitre les signes des abus dont nombre d’entre nous souffrons, particulièrement psychologiquement. »
En 2002, Philippe a déménagé à Ottawa d’Haïti avec sa femme et sa jeune fille. Il travaille pour le Conseil Économique et Social d’Ottawa-Carleton (CÉSOC), un organisme sans but lucratif qui promeut la diversité de la communauté francophone dans l’est ontarien.
“Philippe nous aide à rassembler la communauté grâce à son ouverture et au respect de chacun » dit Rose Jean. « Il est toujours à l’écoute, il réconforte et nous rappelle que les difficultés peuvent être surmontées. »
Rose Jean a rencontré Philippe en 2010 quand elle est arrivée un mois après le tremblement de terre dévastateur en Haïti. « Je pouvais voir la souffrance sur son visage » décrit Philippe. « Elle est restée coincée dans les décombres et a perdu des membres de sa famille. »
Philippe a présenté Rose Jean à d’autres personnes âgées et l’a mise en lien avec des soutiens grâce au programme Vieillir en santé du CÉSOC. « L’abus envers les ainés est plus courant qu’on ne le pense et c’est extraordinaire que Rose Jean soit devenue une activiste dans cette lutte contre ce terrible fléau » ajoute Philippe qui a aidé à produire une série de courtes vidéos sur cette problématique intitulée “Face cachée de la maltraitance des ainés (The Hidden Face of Elder Abuse)”.
Rose Jean compare l’approche de Philippe au « Bâton de Moïse ». « Il nous aide à traverser tellement de choses » dit Rose Jean. « Il fait preuve de beaucoup de compassion envers les personnes âgées ». Philippe leur montre plusieurs quartiers, et il les emmène même aux Tournées pédestres du patrimoine immigrant qui ont lieu pendant la Semaine d’accueil à Ottawa.
« Il nous aide à rajeunir grâce au théâtre, au chant et à beaucoup de rires » ajoute Rose Jean. Quand il accueille les personnes âgées qui arrivent aux programmes du CÉSOC les mardis et mercredis, il est connu pour accueillir les dames avec un jovial “Bonjour les Mamas” (Hello Mothers).
Philippe explique que ces programmes sont une façon de lutter contre l’isolement, le stress et la solitude vécus par de nombreuses personnes âgées. « Les nouveaux arrivants connaissent du stress et un choc culturel quand elles arrivent » dit Philippe. « Parfois maintenant c’est la femme qui travaille, ce qui peut être différent de la situation habituelle du pays d’origine. Les problèmes de santé mentale sont très importants chez les nouveaux arrivants. Les abus peuvent arriver et parfois il ne s’agit pas de violence physique, mais c’est subtile, plus subtile et peut concerner les finances. Les femmes âgées peuvent être gardées dans un coin, pour s’occuper des enfants et peuvent se retrouver sans voix. »
Rose Jean est impressionnée par la façon dont Philippe lui porte une attention spéciale, à elle et d’autres personnes âgées. « Il m’invite à participer à des évènements qui m’aident dans mon développement » fait remarquer Rose Jean. « De nombreuses fois quand je suis tombée sur Philippe, il a pris mes gros sacs et m’a raccompagnée en voiture chez moi. C’est même un conducteur poli qui laisse souvent la priorité aux autres. »
Philippe a appris l’importance du service communautaire quand, à huit ans, il s’est joint aux scouts. « Les scouts sont dévoués à servir les gens et ces idéaux sont restés avec moi toute ma vie » explique Philippe.
Il a été élevé à chanter et à sourire en dépit des difficultés et ne peut pas passer une bonne journée sans au moins une « bonne action ». « Si je ne fais pas une bonne action, ma vie n’est pas remplie cette journée-là. » Philippe a conduit Rose Jean pour cet entretien alors qu’elle craignait de ne pas trouver l’endroit qui est loin de chez elle. Sa bonne action était faite pour la journée!