Ambassadeurs de la semaine d'accueil à Ottawa 2024

David Pepper

Le parcours d’un activiste qui bâtit de l’espoir pour les réfugiés LGBTQI+ persécutés

David Pepper a une longue histoire d’activisme au nom des réfugiés LGBTQI+. En 2011, alors qu’il était directeur du développement communautaire au sein du Service de police d’Ottawa, il a pris un congé sabbatique pour voyager en autobus vers 23 villes canadiennes dans le cadre du North Star Triangle project.

Chemin faisant, il a rencontré des groupes et des personnes de la communauté LGBTQI+ pour discuter des problèmes des réfugiés LGBTQI+ et de manières de mobiliser des personnes et des ressources communautaires en leur nom. Certaines des meilleures rencontres pendant ma tournée dans les dix provinces ont été dans des endroits où une stigmatisation était perçue », se souvient David.

Le moment était propice au changement. L’année précédente, le ministre de l’Immigration avait exhorté les Canadiens à utiliser le Programme de parrainage privé des réfugiés pour appuyer des réfugiés LGBTQI+ fuyant leur pays d’origine.

La meilleure amie de David lorsqu’ils étaient étudiants à l’Université Carleton était Nicole LaViolette. En compagnie de Nicole et d’autres personnes, David a aidé à cofonder le Refuge Arc-en-ciel de la capitale et a activement fait du bénévolat au sein de l’organisation pendant 10 ans.

Nicole est devenue professeure agrégée en droit à l’Université d’Ottawa et a écrit un article dans le Globe and Mail, demandant aux membres de la communauté homosexuelle du Canada de former des groupes de parrainage de réfugiés comme moyen concret d’aider les minorités sexuelles à l’étranger faisant face à la persécution. Nicole est malheureusement décédée en 2015, mais son legs demeure par l’entremise de son travail universitaire et militant sur les réfugiés et les généreuses donations à des groupes de réfugiés.

Avec Nicole en 2010, David a aidé à cofonder le Refuge Arc-en-ciel de la capitale et a activement fait du bénévolat avec eux pendant 10 ans. Maintenant, Ottawa compte 14 groupes qui parrainent de manière privée des réfugiés LGBTQI+ et bien plus dans d’autres villes partout au pays. L’un des principaux objectifs du North Star Triangle Project a été atteint.

Au-delà de son activisme, la compassion, la gentillesse et la générosité de David ont touché personnellement les vies de nombreux réfugiés LGBTQI+ qui sont venus à Ottawa au fil des ans. L’un de ces nouveaux arrivants est Mohamad, un des premiers réfugiés parrainés par le gouvernement de la communauté LGBTQI+ soutenu par le CRR.

Après avoir fui la Syrie, Mohamad a passé une année en tant que réfugié à Istanbul, en Turquie avant de venir au Canada en novembre 2016. « J’ai été chanceux d’avoir pu quitter, à la différence de nombreux autres réfugiés oubliés en Turquie, remarque Mohamad. Quand je suis arrivé, je savais que je devais laisser le passé derrière moi et aller de l’avant avec confiance. L’environnement favorable que David m’a procuré m’a réellement aidé à trouver la voie de mon avenir. »

« Il m’a tout d’abord montré des choses pratiques comme utiliser les réseaux de transport en commun d’Ottawa, se souvient Mohamad. Ce n’était pas surprenant venant de David, puisqu’à ce moment-là il travaillait pour OC Transpo. »

« Plus tard, nous avons développé une amitié en pratiquant l’anglais, en partageant des repas, de la culture, explique Mohamad. Il est devenu progressivement mon mentor, me donnant généreusement des conseils et en m’écoutant quand je n’étais pas sûr de ce que je devais faire. »

David admire la force et les traits de personnalité de Mohamad. « Nous avons une excellente connexion, explique David. Il est intrépide et dynamique, il a un bon comportement et le sens de l’humour, et en même temps, il peut faire preuve de gravité. »

« David et son partenaire, Michael, ont été les premières personnes à me faire connaître d’autres villes canadiennes, dit Mohamad. Leur ouverture et leur soutien m’ont permis de me sentir plus à l’aise dans mon nouveau foyer. J’ai découvert la gentillesse d’étrangers et comment ne jamais arrêter de croire au pouvoir des liens humains. »

David a emmené Mohamad passer une fin de semaine à Montréal, pour lui faire connaître les curiosités de la ville, notamment le passage classique chez Schwartz, sur le Mont-Royal, et la murale de Leonard Cohen, et plus encore.
« Le premier voyage m’a montré à quel point Mohamad absorbait tout, se remémore David. Il était profondément intéressé et désireux de voir son nouveau pays avec une telle ouverture. Depuis lors, nous partageons une incroyable et profonde amitié. Il fait étroitement partie de ma famille. J’ai rencontré sa sœur, ses nièces et ses neveux et il a rencontré les miens. »
David rit quand il pense à la manière dont Mohamad a évolué. « Il a plus d’amis et un plus grand réseau à Montréal que moi. Maintenant, c’est moi qui le consulte pour savoir ce qui se passe à Montréal! »

Mohamad se souvient avec affection d’un autre voyage à Montréal pendant la semaine de la Fierté quand il a participé à une course qui commençait au Mont-Royal et finissait dans le Village gai. Il jetait un coup d’œil sur l’immense foule, juste pour voir David et Michael l’applaudir chaleureusement au départ et à l’arrivée de la course!

David a même appris à Mohamad comment être à l’affût des bonnes aubaines et collectionner les points de récompense pour obtenir des voyages et d’autres avantages, quelque chose qui rappelle à Mohamad ses propres parents.

Parfois Mohamad se demande quel aurait été son parcours d’installation s’il n’avait pas connu David. « J’aurais été perdu et désorienté sans son amitié, remarque-t-il. Je suis toujours curieux et je souhaite le connaître davantage et maintenir avec lui un lien constant. Ma vie aurait été différente. Il était un parfait étranger et il est d’une certaine façon ma famille. »

Bien que Mohamad soit plutôt humble, il a accompli bien des choses en un court laps de temps. Il a travaillé à l’infocentre du nouvel arrivant du YMCA de la Région de la capitale nationale et à Max Ottawa. En octobre dernier, il a commencé à travailler dans la section des programmes et des partenariats de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC).

Après avoir franchi de nombreuses étapes par l’activisme LGBTQI+ qui a commencé dans les années 1980, David a réalisé qu’il y avait encore bien du travail à faire au-delà des frontières du Canada. C’est pourquoi il a partiellement recentré son travail sur les nouveaux arrivants comme Mohamad.
Selon le CRR, « Dans plus de 70 pays, les communautés LGBTQI+ sont criminalisées. Outre les mesures prises par l’État ou les gestes posés par la police contre les membres des communautés LGBTQI+, les minorités sexuelles et de genre font souvent face à des violations inimaginables des droits de la personne perpétrées par des familles, des institutions et des communautés. »

Treize ans ont passé depuis qu’il a fait sa traversée du Canada en autobus. D’une certaine manière, même avec l’émergence des médias sociaux, il s’inquiète de pouvoir communiquer à la base. Il ressent de la complaisance à l’horizon et craint que le pendule revienne si les droits des LGBTQI+ s’érodent graduellement. 

« Beaucoup de gens de ma génération ont pris du recul, pense David. Je suis préoccupé par la fragilité de nos réussites. Malheureusement, je vois que certaines personnes blâment les immigrants pour les ralentissements économiques et la crise du logement. Même si je suis fier de notre fantastique travail à Ottawa, nous devons demeurer vigilants. »

Ce qui lui offre un sens de l’espoir en l’avenir, c’est la force extraordinaire et la résilience des nouveaux arrivants comme Mohamad.