Ambassadeurs de la semaine d'accueil à Ottawa 2024

Doreen Katto

L’effet multiplicateur

Lorsque Doreen Kato est arrivée de l’Ouganda au Canada en 2017, elle a tiré profit de la bonne volonté d’étrangers qui l’ont aidée à s’installer dans une nouvelle vie. Doreen s’est jointe à l’église des River Jordan, où le Révérend Joseph Kiirya et un autre membre de l’église, l’ont accueillie et l’ont aidée tout au long de son parcours. 

Déterminée à redonner la gentillesse qu’elle avait reçue, Doreen a commencé à faire du bénévolat dans la Mathew House, un organisme à but non lucratif, qui offre un refuge, des meubles et une communauté à des réfugiés et aux personnes en transition vers un logement permanent. Elle a finalement trouvé là un poste au service des nouveaux arrivants, poste qu’elle a occupé pendant cinq ans.

Au fil des ans, elle est devenue bien connue pour sa passion et son expertise en aide à l’égard des nouveaux arrivants.
Au plus fort de la pandémie en 2021, lorsqu’un membre de l’église lui a parlé de l’arrivée imminente d’une famille de l’Ouganda (Nakajanko Njeri et ses enfants), Doreen est immédiatement passée à l’action. 

Malgré son emploi du temps chargé, elle a pris des dispositions pour que quelqu’un aille chercher la famille à l’aéroport et la dépose dans un hôtel de quarantaine à Montréal pendant deux jours, puis à Ottawa pour terminer la période de quarantaine de deux semaines.
Après leur période de quarantaine, sans endroit où aller et lors d’une journée particulièrement froide, Doreen a ramené la famille chez elle. Elle a communiqué avec les services municipaux en vue de trouver une solution plus permanente de logement.

Nakajanko (plus connue sous le diminutif Naka), se souvient de l’effet marquant de sa première rencontre avec Doreen à Ottawa. « Elle m’a pris dans ses bras et m’a dit : bienvenue au Canada, tout va bien se passer, il faut juste un peu de temps. Ces mots m’ouvraient un tout nouveau monde. Pendant nos moments les plus difficiles, Doreen a été notre pilier de soutien, et elle l’est toujours. »

Puis la famille de quatre personnes a amorcé un chapitre difficile de son parcours d’installation. L’hôtel offert à l’origine par la Ville était loin d’être idéal, avec une chambre contenant deux lits jumeaux pour une famille de quatre personnes.

Après quatre jours, ils ont déménagé dans un meilleur hôtel, mais il n’y avait pas de cuisine. Doreen venait leur apporter des repas tous les deux jours, ainsi que des collations et des fruits. Elle orientait aussi Naka pour qu’elle se rende aux rendez-vous qui s’imposaient. « Elle nous a toujours encouragés en nous disant que tout allait s’arranger, dit Naka. Elle faisait tout pour qu’on se sente comme en famille. » Et jusqu’à présent, Naka se souvient encore des premiers mots d’encouragement de Doreen qui lui ont donné de l’espoir pour l’avenir.
Pendant un an, Doreen a rapporté leur lavage chez elle plutôt qu’ils n’aient pas à payer 20 $ par semaine au refuge.

« Elle nous a aidés avec notre processus de demande d’asile en tant que réfugiés, elle priait pour nous tous les jours et nous a mis en lien avec une église et la communauté ougandaise à Ottawa, explique Nakanjako. Doreen nous a encouragés quand j’étais prête à renoncer, elle m’a mise en lien avec des possibilités de bénévolat, nous a conduits à nos différents rendez-vous, nous a aidés à trouver un logement et m’a aidée à trouver mon tout premier emploi à Ottawa. »

Pendant cette période, Doreen a reçu de nombreux appels d’autres personnes dans le besoin et a trouvé des façons d’aider. Son domicile s’est souvent transformé en un mini-organisme et sanctuaire d’établissement, avec des gens dormant partout – de la salle de séjour jusque sur le plancher de la cuisine.

« Si vous me demandez combien de nouveaux arrivants ont passé une nuit chez moi au cours de l’année passée, je pourrais dire sans compter plus de 70 », déclare Doreen. 

Quand Naka a reçu la terrible nouvelle du décès de deux de ses sœurs atteintes de la COVID-19 pendant la même semaine, Doreen était là pour elle. « J’ai pleuré et pleuré et n’arrivais pas à m’en remettre, se souvient Nakanjako. Elle nous a laissés rester chez elle ce jour-là, en prenant les enfants pour me donner du temps pour être seule. »

L’approche de Doreen pour offrir du soutien est profondément personnelle. Sa croyance envers le potentiel et la volonté de chacun pour offrir une seconde chance est une marque de son caractère. Elle connait le nom de tous, leurs situations familiales et leurs difficultés particulières. Doreen offre à tous avec une attention intuitive, en fonction de la vulnérabilité qui leur est propre.
« Elle m’a prêté de l’argent pour passer mon permis de conduire et acheter une voiture », ajoute Naka. 

Doreen cite souvent les Proverbes 3:27 : « Ne refuse pas un bienfait à celui qui y a droit, quand tu as le pouvoir de l’accorder. »
Doreen est pasteur au Spirit Life Miracle Centre. Les membres de l’église, dont nombre d’entre eux sont des immigrants, apprécient la sincérité de sa dévotion et de son dévouement dans l’exercice de son ministère pour eux qui en ont le plus besoin. 

Doreen a joué un rôle déterminant dans la création de la Samaritan House Ottawa, où 16 demandeurs du statut de réfugié sont actuellement logés et soutenus. Doreen travaille là à temps plein à titre de directrice principale, sur une base tout à fait bénévole. Elle est motivée par une profonde croyance en l’altruisme. « Quelqu’un doit payer le prix, et je suis ravie d’être ce quelqu’un », explique-t-elle.
Le dévouement de Doreen est inébranlable. « Rien ne doit enlever à quelqu’un sa dignité humaine, dit-elle. Les gens qui fuient la guerre, les abus domestiques et d’autres situations déshumanisantes devraient toujours se sentir accueillis, aimés et traités avec dignité quand ils viennent ici. »

Naka se souvient avec tendresse de son premier anniversaire et de son premier Noël au Canada, ces deux événements rendus si particuliers grâce à la prévenance de Doreen. « Je ne pourrais être là où je suis sans elle », pense Naka. 

Naka souligne que les gestes posés par Doreen sont inspirants. « J’ai appris de la meilleure personne et je soutiens maintenant les nouveaux arrivants à ma façon, toujours heureuse de redonner ce que Doreen a fait pour nous » insiste Naka. 

L’influence de Doreen ne touche pas uniquement ceux qu’elle aide directement, mais aussi ceux que son exemple inspire. Naka aide maintenant elle-même les nouveaux arrivants. Ensemble, ils célèbrent chaque petite victoire, de l’aide apportée à des gens pour obtenir des permis de travail, à trouver des emplois, à être acceptés et à obtenir le statut de résident permanent, jusqu’à réunir des familles. Ensemble ils se réjouissent des progrès et de la réussite de ceux qu’ils aident.

La vie est désormais bien meilleure pour Naka. Elle a tout récemment célébré sa première année de travail auprès de la Mathew House.
« Pour moi il ne s’agit pas uniquement de soutien, conclut Naka. C’est l’effet multiplicateur sur les gens que nous aidons. Certains que nous n’avons même jamais rencontrés, qui sont loin de nous dans d’autres régions du Canada. »

Il y a maintenant une plus grande équipe qui accueille les nouveaux arrivants, tout cela dû à l’effet multiplicateur que Doreen produit.