Ambassadrice : Sandra Barancira
nominateur: André Dunduri
La valeur canadienne de la compassion
Quand Sandra Barancina est arrivée au Canada comme adolescente réfugiée il y a 25 ans, il n’existait qu’une très petite communauté burundaise. « Alors il y a une une vague de jeunes gens qui se sont écartés du droit chemin, à cause du manque de soutien et de supervision par les adultes », se rappelle-t-elle. « Nous sommes devenus canadiens, mais notre héritage était toujours burundais. »
Elle a connu la vie typique d’une fonctionnaire à Ottawa, élevant ses trois enfants. Ça c’était jusqu’en 2015 quand le désordre, l’oppression et la violence ont frappé son pays d’origine. Elle ne pouvait pas rester sans rien faire, alors que de nombreux Burundais voyaient leurs demandes d’asile être rejetées. Elle est devenue une défenseuse et une activiste au nom des nouveaux arrivants burundais.
« Les gens me demandent pourquoi je fais ça » dit Sandra. « Je ne pouvais pas rester comme ça à voir de nombreux Burundais se voir refuser leur demande d’asile alors qu’ils étaient là depuis plusieurs années. Des gens qui étaient là depuis une décennie étaient déportés au Burundi. Certains ont tristement atterris dans des camps de réfugiés. »
André Dunduri, un autre fonctionnaire qui est arrivé au Canada il y a 10 ans, s’est joint aux efforts de Sandra et environ une douzaine d’autres expatriés burundais pour examiner ce qu’ils pouvaient faire. Au début ils étaient isolés et allaient dans toutes les directions. Les députés qu’ils contactaient leur demandaient souvent s’ils avaient une organisation. Alors ils ont formé l’Alliance des Burundais du Canada (ABC) pour lutter contre les déportations et se battre pour les droits humains au Burundi. Un comité parlementaire sur la situation burundaise a été créé.
L’ABC s’est joint au Conseil canadien pour les réfugiés pour lutter pour plus de droits pour les réfugiés et a maintenant plus de 300 membres.
« Quand vous voyez quelque chose qui n’est pas correct dans la société canadienne, vous avez la responsabilité d’essayer de changer les choses » fait remarquer Sandra. Dans ses fonctions de vice-présidente de l’ABC, elle a contribué à faire changer la politique du gouvernement canadien. Grâce en partie à son action, les déportations vers le Burundi ont été suspendues en novembre 2015. Paul Dewar et Mauril Bélanger, deux députés locaux qui sont malheureusement décédés ces dernières années, ont joué un rôle très important dans ce travail.
« Le gouvernement avait lancé un avis aux Canadiens de ne pas voyager au Burundi » raconte Sandra. « Alors nous avons convaincu le gouvernement que les Burundais habitant dans notre pays ne devraient pas avoir à retourner là-bas et à affronter ce danger. »
« Sandra s’est non seulement battue pour arrêter les déportations des Burundais, mais elle a aussi activement aidé des personnes. » dit André. « Elle a sauvé la vie d’un enfant qui était très malade, mais dont les parents n’avaient pas de couverture maladie à cause de leur statut d’immigration. Elle a contacté le député local au nom de la famille et la situation a été résolue. »
« Sandra est extraordinaire » souligne André. « Elle a un grand cœur et s’oublie pour aider les autres. Le travail qu’elle fait pour la communauté occupe une grande partie de son temps. La façon dont elle organise sa vie pour s’occuper des autres est vraiment impressionnante. »
Sandra est animée par le désir de voir des résultats concrets. « Quand vous voyez les résultats après un certain temps, le sacrifice en vaut la peine » dit-elle. La gratification de voir une action se transformer en changement politique est quelque chose que je souhaite à tous de pouvoir vivre. Ce qui m’anime, ce n’est pas de chercher la reconnaissance des autres, mais plutôt de voir les résultats. »
Elle se rappellera toujours de son premier Noël à Ottawa après son déménagement de Montréal et son temps passé dans un refuge. Mère célibataire, elle n’avait que deux matelas et une télévision dans son appartement subventionné. Un groupe de collègue est arrivé avec des cadeaux de Noël. Ils ont vu sa situation et sont revenus avec des meubles et d’autres biens de première nécessité. « Je ne les ai vus qu’une fois » se souvient Sandra. « Je me rappellerai toujours de cette journée. Si des étrangers pouvaient faire ça pour moi, alors je savais que j’avais le devoir de rendre la pareille. »
Sandra est émue de la façon dont un groupe de réfugiés burundais habitant Vanier, a, sous la houlette d’André, aidé pendant les inondations. « Ces gens dont nombre d’entre eux ont fui la violence au Burundi il y a un ou deux ans, se sont déplacés loin dans les régions de Gatineau et Pontiac pour aider à remplir des sacs de sable » dit-elle. Ils voulaient vraiment montrer leur solidarité avec les gens affligés par les inondations. Ils ont incarné la valeur canadienne de la compassion.